V.V. La présence française dans
certains pays d'Europe de l'Est est moins importante que celle
d'autres pays industrialisés tels que l'Allemagne. Ce
retard se fait-il sentir en Russie
?
R.A. Effectivement, les Français sont en
retard face aux autres pays occidentaux. Les présences
allemande et américaine sont beaucoup plus importantes.
Je crois que les entreprises françaises ont encore le
temps et la possibilité de se lancer dans cette course,
car le marché russe est énorme et la demande loin
d'être saturée. D'ailleurs, je voudrais mentionner
que la plupart des entreprises françaises sont là
pour vendre leur produits et moins pour produire. D'autre part,
les 2/3 des investissements étrangers sont concentrés
dans les deux principale ville russes que sont Moscou
et St-Petersbourg. Cela est dû au fait que les entreprises
tentent de se placer près du marché, ces deux
villes restant les principaux centres de consommation. Les entreprises
qui s'implantent dans d'autres villes le font pour deux raisons
: soit elles y trouvent des compétences particulières,
soit il y avait dans la région un partenaire antérieur.
V.V. L'image de la Russie
dans le monde est telle que les risques et les difficultés
d'une implantation sont surestimés. Quelle est la part
de réalité dans les craintes des occidentaux ?
Quels sont les vrais risques ?
R.A. Vous avez raison, cette image est exagérée.
Bien sûr, je n'irai pas jusqu'à affirmer qu'il
n'y a pas de problèmes, mais ceux-ci existent dans beaucoup
d'autres pays également. En ce qui concerne la sécurité,
je peux vous affirmer qu'on peut difficilement trouver de lieu
plus sûr que le centre de Moscou. En Russie,
le paiement en espèces est encore très répandu
et très souvent je me promenais avec des sommes importantes
sans jamais avoir rencontré de problèmes. Certes,
dans certaines banlieues la situation est différente,
mais c'est un problème commun aux grandes villes et non
pas une particularité russe.
En général la population se sent de plus en plus en
sécurité. Les politiques ont démontré
en 1998 qu'ils pouvaient gérer les crises et les Russes retrouvent
de plus en plus la confiance et la sécurité tant attendues.
V.V. Putin est arrivé au pouvoir en
exploitant les aspirations des Russes pour la stabilité.
En même temps, attirer des investissement étrangers
reste une des priorités du gouvernement. Ce discours officiel
correspond-il à la réalité ?
R.A. Bien sûr, il existe une grande différence
entre les discours politiques et la réalité. Si
la volonté politique est bien claire en Russie,
au niveau de l'administration les choses sont loin d'être
parfaites. Mais je tiens à mentionner le progrès
enregistré par la nouvelle administration dans cette
direction. Un des premiers soucis de Putin a été
le système d'imposition, qui a été beaucoup
simplifié et allégé. Un autre pas important
serait la modification de la législation douanière
qui est un véritable micmac. Le système législatif
russe est un chantier énorme, son insuffisance restant
un des principaux maux de tête de l'administration, avec
des lois qui se contredisent et des décrets sur des décrets,
ce qui laisse la place à des interprétations différentes
des mêmes lois. Et c'est là que l'administration
Putin a su faire des véritables progrès.
En même temps, pour la première fois en Russie,
on a l'impression d'une certaine forme de stabilité.
Les risques politiques sont insignifiants. L'arrivée
des communistes au pouvoir est improbable aujourd'hui, les craintes
des guerres civiles, des conflits ethniques sont aussi minimes.
Hormis le conflit dans le Caucase, il n'existe pas de foyer
probable de confrontation. La société russe semble
plus solidaire que jamais dans son désir de progrès
et d'évolution. Après la lourde crise de 1998,
la Russie
a enregistré une croissance exceptionnelle en 2000 de
8 %. La Banque Centrale est à la hauteur et les risque
d'une hyper-inflation écartés. Tout cela fait
de la Russie
un partenaire de plus en plus sûr et un marché
attractif pour les investisseurs étrangers.
Suite de l'entretien...
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