V.V. Chaque pays a sa propre culture et cela
est valable aussi pour le monde des affaires. L'homme d'affaires
français doit-il s'attendre à des surprises en
Russie
?
R.A. Pas vraiment. Mais il est bon de savoir que
beaucoup d'affaires sont conclues dans des " banya " (sauna),
ou des restaurants où l'on a l'habitude de boire de la vodka.
Un certain entraînement peut être conseillé.
Mais il ne faut pas penser que les Russes passent leur temps à
boire ! Un autre conseil, beaucoup plus important et sérieux
serait de toujours s'informer sur la personne avec laquelle on négocie
et de ne pas avoir de confiance aveugle quand on conclut une affaire.
D'autre part, les produits français sont très
appréciés en Russie.
Un petit cadeau fait toujours plaisir à son interlocuteur,
mais de là à croire que tous les Russes sont corrompus
et que la pratique des pots de vin est obligatoire, c'est une
erreur.
V.V. Si les grands groupes sont dans la plupart
des cas attendus et bien accueillis dans les pays émergents,
que peut on dire des PME ? Ont-elles le même parcours et quelles
sont les difficultés qu'elles rencontrent ?
R.A. Il est vrai qu'il faut s'attendre en Russie
à des coûts fixes assez élevés par
rapport aux autres pays d'Europe de l'Est. Cela s'explique premièrement
par la distance et par la nécessité d'une présence
sur place. En même temps les procédure administratives
sont encore assez pénibles. Il faut également
compter un certain temps d'acclimatation, d'adaptation, mais
c'est plutôt un facteur individuel. Une implantation en
Russie
est un acte de long terme, en sachant que si les risques sont
généralement plus importants, les retours sur
investissement sont plusieurs fois supérieurs aux autres
marchés. Evidemment, les grands groupes peuvent prendre
des risques plus facilement, tandis que pour une PME un échec
peut s'avérer fatal.
Quant aux difficultés rencontrées, un sondage
auprès des entreprises implantées en Russie
démontre que les investisseurs sont surtout inquiétés
par l'instabilité réglementaire (fiscalité,
douanes, droit d'auteur). Ce n'est qu'ensuite que vient le risque
politique, tandis que la crainte de la corruption ou du racket
sont loin derrière. C'est assez parlant si on pense encore
une fois que la Russie
possède l'image d'un pays criminalisé. Bien sûr
la mafia russe existe, de même que les mafias des autres
pays, mais cela concerne quelques secteurs à rendement
élevé, qui ont depuis toujours attiré les
structures criminelles.
V.V. De quoi doivent les PME s'armer au préalable
? Que recommanderiez-vous à ceux qui pensent commencer
une affaire en Russie
?
R.A. D'une part, il faut effectuer les démarches
progressivement. Une étude minutieuse du secteur d'activité
s'impose. Il n'est pas inutile de répéter qu'il faut
assurer ses arrières, malgré le fait qu'entre les
Russes beaucoup de transactions se basent sur la confiance réciproque.
Une deuxième remarque est qu'il faut produire pour le marché
local et non pas pour exporter. Le marché est énorme
et la demande importante. En revanche, exporter peut s'avérer
plus coûteux pour l'entreprise. Mieux vaut aller, sauf pour
certaines activités qui exigent des compétences spéciales,
dans las pays voisins car si on cible leurs marchés, les
conditions de production sont à peu près les mêmes.
V.V. Quelles sont les perspectives de développement
du marché russe ? Restera-t-il longtemps porteur ?
R.A. Le meilleur moment d'investir était
juste après la crise, il était possible d'acquérir
des bien à un prix très avantageux. Bien sûr,
les premiers venus auront la part du lion, mais il reste encore
beaucoup de marchés à conquérir. Le pouvoir
d'achat des Russes devrait croître et donc la consommation
également. Les régions suivent les deux grandes
villes. Après de longues années de pénurie,
beaucoup de choses devraient être rénovées,
IKEA, par exemple s'attend à une explosion des ventes,
misant sur le mouvement de rénovation des appartements.
Bien sûr, une croissance vigoureuse sera difficile à
maintenir, mais elle sera supérieure à celles
de la France ou de l'Allemagne. Je conseille vivement aux entreprises
d'aller tenter leur chance en Russie,
c'est pays en plein développement et à lavenir
prometteur.
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