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Entretien
avec Virginie Méméteau, fondatrice des Echos
de Pologne |
Alors que d'autres avant vous s'y sont
cassé les dents, vous avez pris le pari de lancer un
magazine bimensuel francophone en Pologne. Quelles ont été
vos motivations premières ?
Nous nous sommes en effet lancés, en avril 2003, à
la suite de la fermeture d'un mensuel francophone édité
en Pologne, Le Courrier de Varsovie. Les gens pensent souvent
que ce mensuel a cessé ces activités pour des
raisons financières alors qu'en fait ce sont pour des
raisons personnelles des actionnaires d'alors. Dans ce contexte
il paraît peut être moins kamikaze de lancer une
nouvelle publication. Nous avons analysé le marché
et avons quelques constats qui nous ont conforté dans
le projet de créer une nouvelle publication :
- un an avant l'entrée de la Pologne dans l'Union
européenne, le plus grand pays des nouveaux entrants
suscitait beaucoup d'intérêt de la part de la
France, et de l'Europe en général (qui compte
plusieurs pays francophones) ;
- nous avons senti un réel intérêt de
la part des Polonais pour une publication francophone, le
précédant mensuel n'était pas du tout
orienté vers le public polonais ;
- en s'ouvrant aux Polonais, nous augmentions notre marché
potentiel et donc notre tirage …
- la France se tenait déjà au rang de 1er investisseur
en Pologne depuis plusieurs années, ce qui voulait
dire qu'on pouvait espérer un public captif et des
annonceurs sensibles à la publication ;
- La langue française était en recul dans les
écoles, 4ème langue enseignée, on pouvait
alors espérer que les institutions francophones soutiendraient
une initiative privée allant dans le sens de la promotion
de la langue française.
2. Dès son premier numéro, "Les Echos de
Pologne" a été un magazine superbe et de
contenu de grande qualité. A quoi cette réussite
est-elle due ?
Ne cachons pas que l'équipe fondatrice des Echos de
Pologne avait travaillé plusieurs années au Courrier
de Varsovie, ce qui nous a permis d'acquérir une certaine
expérience et bon nombre de contacts. Cela nous a certainement
aidé pour nous lancer mais il faut se renouveler sans
cesse et faire constamment des efforts pour maintenir une certaine
qualité. Il faut sans cesse chercher de nouveaux auteurs
et organiser des opérations marketing pour attirer les
lecteurs et les annonceurs. Je crois que c'est ce dynamisme
qui, comme dans tout secteur, est la clé de la longévité.
Cela dit cela fait un peu plus de deux ans que nous sommes sur
le marché, il est peut être un peu pour parler
de réussite.
Notre dynamisme nous a même poussé à changer
la formule en ce mois de juin pour passer au ryhtme mensuel,
avec un nouveau format, un nouvelle pagination et une ligne
éditoriale élargie à l'ensemble des communautés
francophones présentes en Pologne ainsi qu'aux pays voisins
de la Pologne. L'Europe de l'Est bouge beaucoup notamment depuis
un an. C'est une région a fort potentiel économique
et je crois qu'il était important d'en faire l'écho
;-) D'autant plus qu'il n'existe pas de publictaion francophone
dans les pays voisins (à l'exeption de la République
tchèque où la chambre de commerce française
publie un mensuel).
3. Les grands acteurs du secteur de la presse placent de plus
en plus l'internet au rang de leur priorité principale.
Quelle est la stratégie internet des Echos de Pologne
? Auront-nous un jour un magazine entièrement numérique
?
Je me rappelle quand l'Internet s'est "démocratisé",
les journaux ne mettaient que les titres et les résumés
des articles en ligne de peur de cannibaliser leur formule papier.
Aujourd'hui les éditions papier et électronique
fonctionnent de façon complémentaire, chacune
ayant ses atouts pratiques, sa ligne éditoriale et même
son public propres.
Nous avons également fait le choix de la complémentarité.
Le site www.echos.pl
fait la promotion du mensuel en présentant le sommaire
du numéro en cours ainsi que les archives. Aucun article
n'est librement en ligne. En revanche, chaque jour nous actualisons
les brèves AFP concernant la Pologne et ses voisins sur
le site Internet. Nous suivons donc d'une certaine manière
le même schéma que les titres plus grands. Nous
avons également une newsletter gratuite hebdomadaire.
Je ne crois pas dans l'avenir d'une forme électronique
exclusive. D'abord parce que les formules papier et électronique
s'adressent à des publics différents. Puis pratiquement
il y a des quantités de situations où nous ne
pouvons avoir accès à un ordinateur ou à
l'Internet, nous ne pouvons toujours prévoir d'imprimer
les articles... Ensuite parce que même si l'on peut imprimer
des articles, je ne vois pas ce mode de lecture devenir l'unique
façon de lire le journal. Je pense que ce que les lecteurs
apprécient et recherchent dans un magazine papier ou
un quotidien, c'est tant la forme que le fond. Nous avons plaisir
à tourner les pages, à s'attarder sur les illustrations,
à parcourir les publicités … les images
sont limitées sur une forme électronique car elle
donne lieu à un fichier qui devient trop lourd à
envoyer. L'achat de la forme papier relève de la spontanéité,
on choisit son endroit, le moment, les circonstances, on peut
faire un choix rapide du titre en les comparant avec les concurrents
en parcourant le linéaire … ce que ne permettra
jamais l'Internet.
Je ne suis pas inquiète pour les journaux papier, mais
je crois qu'il faut savoir jouer des deux outils pour optimiser
sa notoriété, sa distribution et ses revenus.
Propos recueillis par David Chelly, le 18
juin 2005
Plus d'informations :
Virginie Memeteau
Les Echos de Pologne
ul. Narbutta 15a / 6
02-536 Warszawa (PL)
tel : (48 22) 646 42 12; 646 06 75
fax : (48 22) 646 23 69
www.echos.pl
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