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Yann Lepape, Economiste Régional Elargissement
de l'UE - Mission Economique Elargissement
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Tout le monde connaît les missions
économiques de la France, mais sans toujours bien pouvoir
identifier les services qu'elles proposent. Quel est leur rôle
et quelles sont leurs principales actions en Europe centrale
et orientale ?
D’une manière générale, les activités
des Missions Economiques peuvent être regroupées
autour de deux pôles. Une mission de service public d’abord.
Elles assurent un appui aux entreprises françaises qui
souhaitent se développer à l’étranger,
notamment au travers de ce que nous appelons le « première
information », qui d’ailleurs peut être assez
pointue et spécialisée selon les cas. Ensuite,
et dans la prolongation de ce premier pôle d’activité,
les missions proposent des prestations payantes (missions de
prospection, études ad hoc ….). Elles sont payantes
car elles requièrent souvent un travail individualisé
et approfondi.
Dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO), une
Mission Economique spécifique – la Mission Economique
Elargissement (MEE) – a été adjointe fin
2000 au dispositif existant des 12 Missions Economiques bilatérales
existantes. Les objectifs assignés à cette petite
équipe sont surtout transversaux. Pour l’essentiel,
il s’agit du suivi sur place des grands dossiers liés
à l’élargissement et ce d’un point
de vue régional, c’est-à-dire en développant
une approche comparative entre PECO. Il était également
important pour tous les acteurs économiques français
que le Ministère de l’Economie, des Finances et
de l’Industrie (MINEFI) ait une vue d’ensemble sur
la recomposition de l’espace économique et industriel
européen dans le contexte de l’élargissement
à l’est de l’Europe.
Confrontés à des informations
hétérogènes et contradictoires provenant
tant d'organismes privés que publics, les entrepreneurs
apprécient vivement le site Elargissement de la DREE
et la vision d'ensemble pertinente et actualisée qu'il
procure. Des initiatives similaires existent-elles pour d'autres
régions du monde ?
Le site Elargissement, un site portail qui offre un accès
rapide à l’ensemble de la production des Missions
Economiques de la région, ainsi que la Revue Elargissement,
produite par la MEE et diffusée électroniquement
trois fois par mois, sont une des expressions de la volonté
du MINEFI d’assurer dans cette région un service
public sur lequel les entreprises hexagonales peuvent s’appuyer.
Service public signifie aussi, comme vous le soulignez, une
information la plus « neutre », la moins partisane
et la plus actuelle possible. Et le fait de produire des analyses
comparées et comparables sur l’ensemble des PECO
semble en effet avoir trouvé son utilité d’une
part et être apprécié d’autre part,
du moins si l’on en croit la croissance régulière
du nombre d’abonnés à cette Revue Elargissement,
près de 11.000 personnes aujourd’hui.
Ce type d’approche régionale existe également
pour l’Asie émergente, Chine incluse, et l’Asie
du Sud, une zone qui comprend l’Inde.
Contrairement à l'atonie de nos
économies d'Europe de l'ouest, l'Europe centrale et orientale
affiche des taux de croissance élevés. En quoi
cela peut-il bénéficier aux entreprises françaises
? Quels secteurs en particulier et dans quels pays retiennent
votre attention ?
Cette croissance dynamique stimule l’offre européenne
au travers d’économies d’échelle notamment
et, bien sûr, amène de nouveaux marchés
pour les entreprises, au même titre que l’élargissement
vers l’Espagne et le Portugal en son temps, qu’il
s’agisse de biens d’équipement, de produits
intermédiaires ou de biens de consommation. Des opportunités
existent dans tous les secteurs, l’important étant,
pour une entreprise qui souhaite exporter, de bien comprendre
les ressorts du marché qu’elle souhaite aborder.
Il peut être (encore) en restructuration, fortement dépendant
de donneurs d’ordres étrangers, contraints par
des revenus individuels ou des capacités d’investissement
parfois encore faibles au regard de nos standards, ou encore
être difficile à pénétrer du fait
de barrières non tarifaires notamment. Les Missions Economiques
constituent un support à ce niveau là. Les entreprises
ne doivent pas non plus oublier la possibilité d’envoyer
un VIE dans la région afin de prospecter. D’après
notre expérience, il s’agit en général
d’une première approche d’un très
bon rapport qualité/prix, surtout si un ensemble de PME
se regroupe autour d’intérêts communs dans
une telle opération.
En termes de pays, les entreprises françaises ont été
sur bien des plans moins « rapides » que celles
localisées en Allemagne ou en Autriche. Il n’y
a là rien de surprenant, du fait de la proximité
historico-géographique existant entre ces pays, et une
partie du « retard initial » a d’ores et déjà
été comblé. En effet et à l’inverse,
les entreprises françaises avaient été
plus présentes en Espagne et au Portugal. Donc sans négliger
les opportunités existantes dans les pays qui ont déjà
rejoint l’Union, les entreprises françaises doivent
garder à l’esprit que la Bulgarie et la Roumanie
devraient également bientôt rejoindre la grande
famille des membres de l’UE, deux pays sur lesquels une
entreprise pourra aussi, à moyen terme, s’appuyer
pour développer ses activités dans tous le sud-est
européen.
Propos recueillis par David Chelly, le 14
juin 2005
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